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8 novembre 2013

Vêpres à Steinhausen

A la fin de l'excursion organisée le 26 octobre pour fêter notre 25e anniversaire, nous nous sommes rendus après la visite de la ville de Biberach à quelques kilomètres de là, pour chanter les vêpres.

Le maître-autel, avec sa Pietà de 1415

Avec une fierté qui confine à l'orgueil, la petite bourgade de Steinhausen prétend posséder "la plus belle église de village du monde"... Les séminaristes français n'ont pas semblé convaincu, même s'il a bien fallu reconnaître l'effet spectaculaire de ce baroque allemand, et sa disproportion étonnante avec la modestie du village qui l'entoure.


Initiée par les Prémontrés de l'abbaye voisine de Bad Schussenried, la construction de l'église a duré de 1728 à 1733. Sa décoration a été réalisée par le célèbre Dominik Zimmermann, incontournable dans toute la région.
La voûte de la nef célèbre la gloire de Notre Dame. La fresque et les stucs se mélangent habilement, et les balcons évoquent le théâtre : le chrétien est invité aux premières loges du spectacle. Dans cet art qu'on a pu qualifié d'"outrageusement catholique", la Contre-Réforme réplique intelligemment à l'austérité luthérienne. Tout dans l'Eglise catholique (et dans ses églises) manifeste la joie du salut. Pas de vitraux, seulement de larges verrières : la lumière entre à flot, car le Ciel rencontre la terre. Le paysan souabe, probablement éberlué en entrant pour la première fois dans ce joyau, avait de quoi s'y distraire quand le sermon l'ennuyait...
On peut aussi se distraire pendant les vêpres...

Détail de la voûte
Pour la fête de l'Assomption, il suffit de lever les yeux : deux beaux jardins se font face aux bords opposés de la voûte. Du côté de l'entrée, on contemple le jardin d'Eden, avec Adam et Eve au moment du péché originel. La nature de ce péché est symbolisée par les deux paons du premier plan. L'orgueil de nos premiers parents va être racheté par l'Incarnation rédemptrice, qui implique la kénose du Christ. Elle-même est réalisée grâce à l'humilité de la Vierge Marie, symbolisée ici par la fontaine de l'autre jardin, celui qui donne sur le choeur de l'église. On lit sur le cartouche l'inscription : "hortus conclusus, fons signatus". Cet extrait du Cantique des cantiques (Ct 4,12) est traditionnellement appliqué à Notre Dame pour évoquer sa virginité perpétuelle : "Jardin enclos, fontaine scellée". L'eau est le symbole de la grâce : son abondance signifie la plénitude de grâce de la Mère de Dieu. Depuis la fontaine, l'eau s'élève donc vers le ciel, puis déborde sur le monde, alors qu'au jardin d'Eden elle coule au sol, en s'éloignant des pécheurs...





Comme souvent en Allemagne, les confessionnaux sont surmontés de l'évocation d'un grand pénitent, Saint Pierre et Sainte Marie-Madeleine étant les plus fréquents.